Quête vers l'indépendance financière à 42 ans

Fonctionnaire désabusé ou quiet quitting?

Plus j’avance vers l’indépendance financière, plus je constate que j’ai tendance à m’écarter de la rat race. Et à me poser cette question : à quoi bon me donner à l’ouvrage?

Lorsque je rentre au bureau ces jours-ci, mon niveau d’enthousiasme est faible et mon niveau de je-m’en-foutisme a monté d’un cran… je vous explique pourquoi dans cet article.

La passion du métier

Attention. J’ai toujours adoré le volet créatif de ma job.

Tout ce qui touche à la pré-production, que ça soit la création de décors, l’aménagement du studio, l’installation des caméras et des micros, l’émergence de nouvelles ambiances avec les lumières et les objets, la résolution de défis technologiques, la navigation dans les interfaces des divers outils et même la rédaction de scénarios pour bien faire passer divers messages, j’adore. Et puis tout ce qui vient ensuite : la réalisation du tournage et le montage.

Quand je pense à ça, je sais que je ne pourrai jamais revenir à un vulgaire emploi de bureau.

J’ai besoin de créer pour me réaliser.

Le désenchantement progressif

Ce que je n’aime pas, par contre — et c’est typique des grandes structures gouvernementales —, c’est la multiplication des paliers d’approbation, des procédures administratives et autres chimères qui tuent lentement la motivation et la créativité. La machine s’embourbe, inexorablement.

C’est avec beaucoup de résilience que je vois un concept novateur, une idée nouvelle, se faire aplatir peu à peu, un palier d’approbation à la fois, jusqu’à devenir une bouette fade et insipide. On a peur de la peur.

Et si j’ose évaluer les processus et les procédures, ou mettre en doute certaines redditions de comptes, le reproche vient vite.

Whooo. Minute papillon.

Ça, je pense que c’est le fonctionnaire désabusé qui parle ici.

Le glissement vers le quiet quitting

Le quiet quitter maintenant… est-ce qu’il est là?

Voici une situation qui arrive fréquemment : je scénarise un concept audacieux, et je l’envoie pour approbation. Avant, je me battais corps et armes. J’avais une ou deux personnes à convaincre avant de commencer la production.

Aujourd’hui, j’ai neuf paliers à franchir. Avec un concept original et percutant, j’ai aucune chance de me rendre jusqu’au bout.

Alors, au lieu de perdre mon temps dans l’argumentaire, je mets mon énergie ailleurs : dans la création d’ambiances, de décors, dans ce qui me nourrit encore. Mais pour le script, celui qui voyage sur neuf bureaux… je ne m’épuise plus.

Je commence mes textes avec l’IA : elle résume le propos à partir des sources officielles. Je m’investis au minimum. J’envoie en approbation, je ne négocie plus. Résultat : moins de critiques, moins d’allers-retours, plus d’efficacité. Et souvent, quand le projet revient, j’ai déjà eu le temps… de l’oublier.

Définition du quiet quitting :

Faire seulement le minimum requis au travail, sans s’investir davantage, ni quitter son emploi.

Les causes profondes du désengagement

J’ai pourtant argumenté fort les premières années.

On avait réussi à monter un superbe studio, acheté des équipements à la fine pointe, et rassemblé les talents de partout dans l’organisation.

On a produit de petits chefs-d’œuvre.

Nos productions se sont raffinées, autant sur le contenu que sur le contenant. Les projets ont déferlé sur notre équipe, et on pouvait même choisir ceux qu’on voulait réaliser.

Puis les coupes sont arrivées, cet été. Ce que j’avais prédit il y a un an est arrivé :

Il y a des risques, j’en suis conscient : Je ne suis pas à l’abri d’un changement d’orientation dans mon organisation ou bien de l’arrivée d’une équipe de gestion rigide et peu créative.

Suis-je à la recherche de l’occupation de mes rêves?, Renard Futé, 4 novembre 2024

Un énorme schisme. Des projets jetés à la poubelle sans raison valable.

J’ai pris un pas de recul.

À quoi bon ramer à contre-courant?

On a perdu nos jeunes talents en coupant les occasionnels, et le gros changement d’orientation en provenance d’en haut, c’est désormais de produire brun.

Terminé, l’originalité et la créativité.

On ne doit plus montrer qu’on peut avoir un soupçon de plaisir dans la fonction publique.

Le recentrage personnel

D’accord, je vais faire le strict minimum.

Autrement dit :

  • accomplir les tâches prévues dans ma description de poste;
  • limiter mon engagement émotionnel envers l’organisation;
  • accepter que les projets qui créaient du lien entre les équipes soient terminés;
  • et surtout, préserver un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle.

Au moins, ça, c’est positif pour la suite.

Je vais simplement atteindre mon objectif de trois jours de travail par semaine… un peu plus vite que prévu?

Bref, ce que je vis, c’est une forme de désengagement silencieux motivé par :

  • le manque d’audace des équipes de gestion,
  • le manque de reconnaissance après les coupes,
  • et un réel désalignement avec ce qui reste de la culture organisationnelle.

C’est dommage, tout ça.

Parce qu’on était vraiment sur une belle lancée.

Garder espoir

Je dois quand même garder espoir.

Mes compétences et mes habiletés, acquises en contexte professionnel, me servent déjà dans mes projets personnels. Et professionnellement, ce n’est que partie remise.

Je vais laisser la tempête passer.

Peut-être qu’au fond, je ne suis pas un fonctionnaire désabusé.

Ni même un quiet quitter.

Mais simplement un créatif qui s’accorde le droit de respirer en attendant que le vent tourne.

Le Renard


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